Une unité de vie dédiée aux personnes handicapées à l’EHPAD de Bouvigny-Boyeffles. Reportage
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L’EHPAD de Bouvigny-Boyeffles dispose d’une unité dédiée à l’accueil de 13 personnes handicapées intellectuelles avançant en âge. Cette unité, complètement intégrée dans l’EHPAD, permet aux personnes handicapées de bénéficier d’une continuité d’accompagnement tout au long de leur vie.
Eviter les ruptures dans les parcours de vie des personnes handicapées
Une unité dédiée à l’accueil de personnes handicapées intellectuelles avançant en âge a ouvert ses portes en 2015 à l’EHPAD de Bouvigny-Boyeffles dans le Pas-de-Calais. Cet EHPAD est l’un des établissements gérés par l’association « La vie active ». Cette association, implantée dans le Pas-de-Calais, est présente dans tous les champs d’intervention du secteur social et médico-social : handicap, enfance, travail, grand âge.
« La vie active a naturellement répondu à l’appel à projets lancé par l’Agence régionale de santé et le conseil départemental pour la création d’une unité de vie pour personnes handicapées âgées » explique Isabelle Roussel, directrice de l’EHPAD. « Le projet faisait écho à la volonté de l’association d’éviter les ruptures dans les parcours de vie des personnes handicapées accompagnées par l’association ».
Des situations de ruptures qui peuvent par exemple se produire lors du passage à la retraite des travailleurs en ESAT (établissement et service d’aide par le travail), souvent hébergés dans des foyers réservés aux travailleurs. Ainsi, Gérard Mahieu, 66 ans, installé depuis un mois dans l’unité, a dû quitter le foyer où il vivait parce qu’il était trop âgé. « J’ai visité 3 foyers et j’ai décidé de venir ici car la chambre m’a plu. J’aime bien la vue sur l’étang » raconte-t-il.
Des conditions d’admission différentes de celles de l’EHPAD
Treize résidents en situation de handicap intellectuel, âgés de 58 à 76 ans, vivent dans cette unité située au sein de l’EHPAD. « Leurs histoires de vie sont diverses, comme leurs personnalités » souligne Marianne Lopez, monitrice-éducatrice dans l’unité de vie. « Certains n’ont jamais travaillé, d’autres ont travaillé en ESAT ou en milieu ordinaire. Certains vivaient avec leurs familles, d’autres en foyer d’hébergement » précise-t-elle. Un besoin d’accompagnement spécifique s’est fait jour à l’occasion du passage à la retraite, du vieillissement des parents qui ne peuvent plus s’occuper comme avant de leur enfant handicapé, à leur décès parfois.
Comme en EHPAD, il faut avoir 60 ans pour être admis dans l’unité, mais des dérogations sont possibles. Par ailleurs, une orientation de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) est nécessaire ou bien avoir un taux d’invalidité reconnu à 80%.
La prise en charge financière est également différente de la prise en charge classique en EHPAD. Le conseil départemental prend en charge le coût de l’hébergement et laisse tous les mois à la disposition des résidents 30% du montant de leur allocation adulte handicapé (pour en savoir plus, lisez l'article sur les aides pour les personnes handicapées âgées en EHPAD).
La primauté donnée au maintien de l’autonomie et du lien social
« Notre accompagnement a pour objectif de maintenir l’autonomie des résidents dans le respect de leur rythme de vie, de leurs besoins et de leurs attentes », explique Marianne Lopez. Elle raconte que plusieurs résidents qui ont besoin de temps pour se préparer le matin peuvent prendre leur petit-déjeuner plus tard que les autres.
Le maintien de la vie sociale est également un objectif primordial dans l’accompagnement éducatif mis en place. Des partenariats avec d’autres structures du réseau de la Vie active existent. Par exemple, un atelier chant réunissant les résidents de l’unité et les adultes accompagnés par un service d’accueil de jour permet des échanges et la réalisation de spectacles communs.
Par ailleurs, une éducatrice spécialisée d’un service d’accompagnement à la vie sociale intervient tous les 15 jours dans la petite unité de vie pour accompagner les résidents dans l’élaboration de dossier vacances par exemple ou bien dans la concrétisation de projets particuliers.
Des partenariats locaux sont également tissés. Ainsi, le personnel de la bibliothèque de Bouvigny-Boyeffles vient chercher les résidents en mini-bus et les amène à la bibliothèque 2 fois par mois. « Ici, nous sortons, nous faisons des promenades, nous allons au cinéma » apprécie Chantal Moreau, 63 ans, nouvellement installée dans l’unité. « Dans mon ancien foyer, je ne sortais pas », regrette-t-elle.
Une co-existence aisée avec les résidents en perte d’autonomie
La cohabitation avec les résidents de l’EHPAD, beaucoup plus âgés pour la plupart que les résidents handicapés de l’unité, se passe-t-elle sans heurts ? « Les relations avec les résidents de l’EHPAD sont aisées », constate Marianne Lopez. « A midi, les résidents de l’EHPAD et de l’unité de vie déjeunent tous ensemble dans la salle de restaurant. Certains résidents de l’unité aident les résidents de l’EHPAD à descendre au restaurant » observe-t-elle.
La directrice, Isabelle Roussel, qui a souhaité s’investir dans le champ de l’aide à la personne dans le cadre d’une reconversion après une carrière dans l’industrie pharmaceutique, est convaincue de l’intérêt et de la possibilité de cette co-existence au sein d’un EHPAD. Un projet tient particulièrement à cœur à cette locutrice de la langue des signes : pouvoir dédier quelques places d’hébergement à l’accueil de personnes âgées sourdes utilisant la langue des signes et ouvrir ainsi l’EHPAD à d’autres formes de handicap.
Le site de l'association La vie active
Le site du Pas-de-Calais pour en savoir plus sur les solutions pour personnes handicapées vieillissantes ou âgées
La plateforme monparcourshandicap.gouv.fr, plateforme d’information, d’orientation et de services pour les personnes en situation de handicap et leurs proches aidants