Personnes âgées : prévenir les dérives sectaires

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Plus vulnérables, bénéficiant de revenus stables, les personnes âgées peuvent être victimes de dérives sectaires et d’emprise mentale. Quels signes doivent alerter ? Comment réagir ?

Qu’est-ce qu’une dérive sectaire ?

Il n’y a pas de définition de la secte en droit français, car le législateur est respectueux de toutes les croyances et fidèle au principe de laïcité. Pour autant, tout n'est pas permis au nom de la liberté de conscience ou de la liberté de religion. L’absence de définition de la secte n’efface pas la réalité de l’existence de victimes des dérives sectaires de certains mouvements.

Selon la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la dérive sectaire « se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société. »

La dérive sectaire peut donc être le fait d’un mouvement, mais aussi d’un individu. Elle se traduit par une emprise mentale, c’est-à-dire une tentative de contrôle, le plus souvent psychique, sur autrui entraînant une déstabilisation des processus décisionnels et de la capacité à juger.

Pourquoi les personnes âgées sont-elles des cibles privilégiées ?

Les personnes âgées peuvent constituer des cibles privilégiées des mouvements sectaires ou d’individus malintentionnés (pseudo-thérapeutes par exemple), intéressés par leurs revenus stables et leur patrimoine.

Les personnes âgées peuvent être plus vulnérables à l’emprise de ces mouvements sectaires du fait de l’isolement, d’un deuil, de la maladie, de la perte de repères, de l’altération des capacités physiques et intellectuelles…

Ainsi, les établissements d’hébergement pour les personnes âgées, comme leur domicile, peuvent constituer un terrain propice à l’infiltration de mouvements sectaires. À travers leurs visites régulières, le personnel soignant, les bénévoles ou l’entourage peuvent progressivement mettre en place une emprise sur la personne s’ils sont eux-mêmes influencés par un mouvement sectaire.

Le mécanisme d’emprise mentale est bien identifié et se déroule en 3 phases :

  • une phase d’approche : avec une promesse de perfectionnement personnel, de bonheur, de guérison par des médecines « parallèles » et « indolores »…
  • une phase de séduction : les mérites supposés de la méthode sont mis en avant (des gens satisfaits et épanouis témoignent…)
  • une phase de soumission visant la dépendance totale pendant laquelle des techniques de conditionnement sont employées (exercices physiques extrêmes, nourriture insuffisante, privation de sommeil…)

À quels types de dérives sectaires les personnes âgées sont-elles confrontées ?

Une part importante des signalements de dérives sectaires concerne le domaine de la santé et du bien-être. Ainsi, les promesses et recettes de guérison et de bien-être sont au cœur des pratiques à risque de dérives sectaires et peuvent concerner tout particulièrement les personnes âgées confrontées à la maladie.

Confrontées au deuil, les personnes âgées peuvent être concernées par les dérives sectaires dans les pratiques de médiumnité, de communication privilégiée avec des « entités supérieures ». Ces pratiques, très présentes sur Internet, avec des propositions de consultations à distance, sont propices à une déstabilisation mentale, à une perte de contact avec la réalité, et à une rupture avec l’entourage habituel.

Sous emprise, les personnes peuvent procéder à des donations au profit du mouvement, dépenser des sommes conséquentes pour acquérir de la documentation, participer à des stages ou des conférences, procéder à des ventes pour financer les activités imposées par le mouvement ou l’individu exerçant son emprise…

Comment identifier un risque de dérive sectaire ?

Des critères élaborés sur la base du travail accompli par plusieurs commissions d’enquêtes parlementaires ont permis d’établir un faisceau d’indices facilitant la caractérisation d’un risque de dérive sectaire :

  • la déstabilisation mentale
  • le caractère exorbitant des exigences financières
  • la rupture avec l’environnement d’origine
  • l’existence d’atteintes à l’intégrité physique
  • l’embrigadement des enfants
  • le discours antisocial
  • les troubles à l’ordre public
  • l’importance des démêlés judiciaires
  • l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels
  • les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.

Un seul critère ne suffit pas pour caractériser l’existence d’un risque de dérive sectaire et tous les critères n’ont pas la même valeur. Le critère de la déstabilisation mentale est toutefois toujours présent dans les cas de dérives sectaires. La concrétisation d’un risque sectaire naît de la combinaison de plusieurs critères.

Quels signes d’alerte ?

Sur la base des signalements reçus depuis une dizaine d’années, la Miviludes a précisé le contenu de ces critères de manière à déterminer des signaux d’alerte. Ainsi un certain nombre de signes permettent de déceler l’influence sectaire dans le comportement d’un proche, par exemple :

  • la modification des habitudes alimentaires ou vestimentaires,
  • un refus de soins ou arrêt des traitements médicaux régulièrement prescrits,
  • une situation de rupture avec la famille ou le milieu social et professionnel,
  • un engagement exclusif pour le groupe,
  • une soumission absolue, dévouement total aux dirigeants,
  • la perte d’esprit critique,
  • une réponse stéréotypée à toutes les interrogations existentielles.

D’autres signes concernant la gestion des biens permettent de détecter une influence sectaire, par exemple :

  • acceptation d’exigences financières de plus en plus fortes et durables
  • engagement dans un processus d’endettement
  • legs ou donations à des personnes physiques ou morales en lien avec le groupe auquel appartient la personne
  • obligation d’acheter ou de vendre certains matériels ou services comme condition incontournable d’appartenance au groupe.

Pour en savoir plus, consultez le site de la Miviludes.

Comment réagir ?

Trouver de l’aide 

Si vous soupçonnez une dérive sectaire, vous pouvez saisir la Miviludes pour avoir un avis ou l’informer de l'existence ou d'un risque de dérive sectaire afin qu'une aide vous soit apportée ou pour être orienté dans vos démarches.

Vous pouvez également vous adresser aux correspondants dérives sectaires de la préfecture, de l’agence régionale de santé, au président de l'ordre professionnel (ordre des médecins, ordres des pharmaciens, ordre des kinésithérapeutes…).

La Miviludes propose un annuaire recensant les coordonnées de tous les interlocuteurs dans les régions.

Une liste d’associations d'aide aux victimes y est également disponible. Leur mission est de soutenir les personnes (victimes et proches) et de les aider à trouver les organismes et interlocuteurs qui engageront les actions appropriées.

Ne pas rompre le lien

En tant que proche, il est essentiel de garder le contact avec la personne sous emprise, en lui proposant une relation de qualité, à l’opposé de la relation nouée avec le mouvement ou l’individu qui met en œuvre son emprise, en se montrant positif, calme et bienveillant.

Il est conseillé d’éviter de critiquer le mouvement, sa doctrine, car la personne peut ressentir cela comme de l’hostilité et aura d’autant plus envie de se réfugier dans son milieu sectaire.

Pour en savoir plus, consultez les conseils aux proches sur le site de l’UNADFI (union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes).

Article

Les personnes âgées peuvent être les victimes d’abus de faiblesse dans des cas de figure très différents : démarchage à domicile ou rédaction d’un testament par exemple. Des recours existent en cas d'abus de faiblesse.