Interview du Dr Haouili, médecin coordonnateur en EHPAD
Date de mise à jour : 07/12/2020
Le Dr Haouili est médecin coordonnateur à l’EHPAD Lucien Schroeder à Rennes. Elle nous parle de sa mission auprès des résidents et auprès de l’équipe soignante de l’EHPAD.
Dr Haouili, depuis combien de temps êtes-vous médecin coordonnateur ?
Je suis médecin coordonnateur à l’EHPAD Lucien Schroeder depuis fin 2015. Auparavant, je travaillais en milieu hospitalier. Je suis gériatre. A l’issue de mon cursus de médecine, j’ai poursuivi mes études pendant deux ans pour passer une capacité de gériatrie.
J’ai souhaité rejoindre l’EHPAD pour pouvoir travailler en équipe sur des questions liées à la vie de tous les jours. J’aime travailler au plus proche des équipes et des projets.
En quoi consiste votre mission ?
Les missions du médecin coordonnateur en EHPAD sont définies dans un décret qui liste ses 13 missions. Je dirais que Je vérifie que les résidents bénéficient des soins et des accompagnements les plus adaptés.
Vous ne suivez pas les résidents individuellement ?
Les résidents ont chacun leur médecin traitant. Lui seul est habilité à prescrire des traitements. Le médecin coordonnateur a un droit de prescription seulement dans une situation d’urgence ou s’il y a un risque sanitaire, par exemple en cas d’épidémie de grippe.
Cependant, même si je ne suis pas leur médecin traitant, je regarde de près l’état de santé des résidents. Je réalise par exemple l’évaluation de l’état nutritionnel des résidents, en lien avec l’équipe soignante, pour mettre en place des apports alimentaires adaptés, à travers l’enrichissement des aliments.
Le médecin coordonnateur a un rôle majeur dans la réflexion sur les prises en soins. Je peux par exemple décider de faire appel, en lien avec les médecins traitants et l’équipe soignante, à l’HAD (hospitalisation à domicile) ou à une équipe mobile de soins palliatifs quand des situations demandent une expertise plus poussée ou des soins techniques plus importants.
Comment travaillez-vous avec les médecins traitants des résidents ?
A l’EHPAD Lucien Schroeder, 40 médecins traitants interviennent auprès des 72 résidents.
Les résidents ont le libre choix de leur médecin traitant. Ils conservent leur médecin traitant s’ils le souhaitent. C’est plus facile pour les résidents qui habitaient à proximité de l’EHPAD. En revanche, c’est plus compliqué pour les résidents qui viennent de loin et qui doivent changer de médecin traitant.
Au jour le jour, les médecins traitants sont plutôt en lien avec l’équipe infirmière. Pour ma part, je les contacte quand l’évolution de la situation d’un résident nécessite l’adaptation du traitement ou des examens complémentaires.
Comment participez-vous à la formation de l’équipe soignante ?
Lors des réunions de transmissions quotidiennes, notre réflexion porte sur les soins en cours. A cette occasion, je donne aux équipes des renseignements médicaux qui augmentent leurs connaissances gériatriques.
J’organise également des formations sur des temps dédiés, sur les sujets les plus importants pour la santé des personnes âgées, comme l’hydratation. J’explique pourquoi il est difficile pour les personnes âgées de s’hydrater et pourquoi il est fondamental de veiller à leur bonne hydratation.
Vous prononcez-vous sur l’admission d’un résident ?
Tout à fait. J’examine les dossiers d’admission et je donne un avis médical sur notre capacité à accompagner cette personne en fonction des soins dont elle a besoin. Par exemple, nous ne pouvons pas accueillir une personne dont l’état de santé relève d’une prise en charge hospitalière.
Une fois que j’ai donné mon avis médical, le dossier est réexaminé par la directrice de l’EHPAD qui prend la décision finale.
Vous êtes en charge de l’évaluation du GIR des résidents, c’est-à-dire de leur niveau d’autonomie. Comment procédez-vous ?
Lors de l’évaluation du GIR d’un résident, nous évaluons ses besoins d’aide dans la vie quotidienne et le niveau d’intervention nécessaire des soignants auprès de lui. En résumé, nous regardons ce que la personne peut faire seule et ce pour quoi elle a besoin d’être aidée.
Nous réalisons cette évaluation en équipe avec les aides-soignantes, les infirmières, les ergothérapeutes, les kinésithérapeutes à partir de la grille AGGIR. En général, nous faisons l’évaluation environ 15 jours après l’arrivée du résident pour bien évaluer ses capacités (à faire sa toilette, à marcher, ses capacités cognitives…).
Nous réévaluons le GIR tous les trois mois et dès que l’état de santé d’un résident évolue.
Le GIR d’un résident peut-il changer à son arrivée en EHPAD ?
Oui, le GIR d’une personne peut changer entre le domicile et l’EHPAD car l’environnement du domicile et l’environnement de l’EHPAD sont différents. L’entrée en EHPAD peut faire regagner de l’autonomie car les lieux sont adaptés aux besoins des personnes en perte d’autonomie. Par exemple, les salles de bains dans notre EHPAD sont complètement équipées avec des douches à l’italienne, des barres d’appui, des sièges de douche. Cela favorise l’autonomie des résidents.
Qu’aimez-vous dans votre métier ?
La gériatrie est une médecine passionnante. C’est une médecine globale, une médecine humaine, avec une dimension éthique importante qui nécessite de toujours réfléchir en prenant en compte la personne et sa situation.
Un des projets qui mobilise actuellement toute l’équipe de l’EHPAD Lucien Schroeder concerne l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Le Dr Haouili explique : « nous avons réfléchi à une organisation nous permettant d’offrir aux résidents des activités personnalisées afin d’atténuer leur anxiété. Maintenant des soignants sont mobiles dans l’EHPAD et vont auprès des personnes ayant des troubles psychiques ou des troubles du comportement pour proposer des temps d’activités. Par exemple une approche corporelle pour le bien-être ou une activité créative, une promenade le matin. Cette réorganisation permet de nouer une autre relation avec les résidents. »
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