Vrai ou faux sur l’audition des personnes âgées

Publié le : 02/04/2025

Vos proches vous disent que vous entendez moins bien ? Consultez votre médecin ! Des solutions existent pour votre confort et vous permettre de conserver la vie sociale que vous souhaitez avec votre entourage. 

Dans cette interview, le Dr Elisabeth Mamelle, médecin spécialiste ORL, décode le vrai du faux sur l’audition des personnes âgées, les prothèses auditives et les risques liés à la perte d’audition.

Vrai ou faux : j’entends moins bien, c’est inévitable avec l’avancée en âge

VRAI. Dès l’âge de 45 – 50 ans, nous commençons tous à perdre notre capital de cellules sensorielles. Mais le niveau de perte auditive va varier d’une personne à l’autre. 30% des personnes de plus de 65 ans ont des signes de presbyacousie, c’est-à-dire un déficit d’audition. Ce chiffre augmente avec l’âge. 50% des personnes âgées de 80 ans et plus sont affectés par un trouble auditif qui nécessite une réhabilitation adaptée pour mieux entendre.

Vrai ou faux : j’ai des acouphènes, c’est un signe de perte d’audition à prendre au sérieux

VRAI. Certaines personnes ont des acouphènes : elles perçoivent un son permanent ou par intermittence, dans l’une des deux oreilles ou dans les deux, alors qu’il n’y a pas de son autour d’elle. C’est un des signes de surdité et donc également de presbyacousie qui doit amener à aller consulter un médecin. 

Il y a d’autres signes qui doivent vous alerter :

  • être gêné pour entendre quand il y a du bruit autour, ou dans les grands espaces fermés comme les gares ;
  • ne pas entendre un bruit qui vient de derrière soi ;
  • demander de faire répéter fréquemment ;
  • avoir une sensibilité anormale à des sons, en général pour les sons aigus (une hyperacousie) ;
  • ne pas entendre quand on vous parle en face à face.

Certains troubles de l’équilibre peuvent être un signe de surdité dite asymétrique. Les personnes entendent moins bien d’une oreille et cela peut impacter leur équilibre.

Vrai ou faux : avec un autotest d’audition, je peux aller directement voir l’audioprothésiste pour avoir un appareil auditif. 

FAUX. Vous pouvez faire un autotest si vous observez que vous entendez moins bien. Il existe par exemple le test Hora. En fonction des résultats, une consultation avec un médecin spécialiste ORL ou un médecin généraliste (qui a fait une formation spécifique) peut être nécessaire. Un examen otoscopique (examen du tympan et du conduit auditif externe) est alors réalisé avec une audiométrie tonale et vocale. L’audiométrie est l’outil qui va permettre au médecin d’évaluer votre perte d’audition et de poser un diagnostic. Si besoin, ce médecin vous prescrit, sur ordonnance, un appareil auditif.

Vrai ou faux : la seule solution en cas de perte d’audition est la prothèse auditive

FAUX. En fonction des résultats de l’audiométrie et du diagnostic, le médecin va identifier la solution la plus adaptée à votre niveau de perte d’audition, à une pathologie éventuelle. 

  • Le plus souvent, c’est un diagnostic de presbyacousie qui est posé pour les personnes âgées. Dans ce cas, l’appareil auditif est la solution permettant de retrouver une meilleure audition.
  • Parfois les prothèses ne suffisent pas. Même si le son de l’appareil auditif est réglé au maximum, le patient n’arrive plus à entendre et comprendre correctement. Le médecin peut alors l’orienter vers une rééducation avec une orthophoniste pour apprendre la lecture labiale. C’est une technique qui permet d’aider à identifier les mots prononcés par une personne en observant les mouvements de sa bouche.
  • En cas de surdité sévère à profonde, si les prothèses auditives ne sont plus adaptées et assez puissantes, il faut alors consulter dans un centre ORL de référence pour l’implant cochléaire. Cet implant va remplacer l’oreille interne qui ne fonctionne plus en stimulant le nerf auditif et redonner en sensation auditive.
  • Certaines pathologies diagnostiquées lors de l’audiométrie et de l’examen des tympans et des conduits auditifs externes peuvent être traitées médicalement ou chirurgicalement ou avec des systèmes d’appareillage spécifiques.

Toutes ces solutions vont fortement aider à améliorer l’audition. Elles ne restitueront pas l’équivalent d’une audition naturelle parfaite.

Vrai ou faux : une prescription d’un médecin est nécessaire pour avoir une prothèse auditive

VRAI. Une fois le diagnostic posé, si le médecin considère qu’un appareillage auditif est nécessaire, il vous le prescrit sur ordonnance. Sans prescription médicale vous ne pouvez pas acheter un appareil auditif chez un audioprothésiste.

Vrai ou faux : les prothèses auditives ne sont pas totalement prises en charge par la Sécurité sociale

FAUX. Depuis 2021, les aides auditives de classe I comprises dans l’offre 100 % santé sont intégralement remboursées par l’Assurance maladie et les organismes complémentaires (mutuelles). Les aides auditives de classe II ne sont quant à elles pas soumises à une réglementation des prix et elles sont partiellement remboursées par l’Assurance Maladie. Contactez votre mutuelle pour connaître votre reste à charge.

Vrai ou faux : je peux tester différents appareils auditifs avant de les acheter

VRAI. C’est très important car il existe différents modèles d’appareils auditifs : à pile, à batterie, contours d’oreille, intra-auriculaires… L’audioprothésiste doit vous proposer de réaliser un essai pendant un mois de l’appareil qui vous a été proposé suite au bilan fait avec lui. Cela vous permet de voir si le modèle proposé apporte un gain satisfaisant. Des réglages sont effectués pendant cette période. En cas de perte d’audition depuis longtemps, le cerveau doit se réadapter progressivement à cette nouvelle perception auditive.

Ce test ne vous engage pas. Vous donnez votre accord pour l’achat de l’appareil à l’issue de l’essai et après avoir reçu un devis détaillé mentionnant différentes informations.

Vrai ou faux : j’ai une prothèse auditive et je dois régulièrement faire le point avec mon audioprothésiste

VRAI. Sachez que ce suivi périodique pendant toute la durée de vie de l'appareil fait partie des prestations incluses dans les prix mentionnés dans le devis :

  • contrôle de l’efficacité de votre aide auditive aux 3ème, 6ème et 12ème mois après sa délivrance,
  • puis au moins deux rendez-vous de suivi par an.

Soyez donc attentif dans le choix de l’audioprothésiste : il doit respecter certaines règles avant l’achat et ensuite dans votre suivi ! Pour plus de détails, vous pouvez consulter l’article Aides auditives sur le site Ameli.fr

Et attention aux fraudes : facturations abusives, démarchages par téléphone ou à domicile... L’audioprothésiste doit être enregistré au fichier national des professions de santé (FNPS) pour établir des feuilles de soins et facturer des dispositifs médicaux, des produits ou des prestations. Pour en savoir plus sur les bons réflexes à adopter face aux pratiques frauduleuses, consultez le site economie.gouv.fr.

Vrai ou faux : la perte d’audition est un facteur d’aggravation des symptômes de la maladie d’Alzheimer

VRAI. Ne pas avoir une réhabilitation auditive adaptée en cas de perte auditive peut aggraver les troubles cognitifs. La personne risque d’être moins en interaction avec son entourage et son environnement ce qui va engendrer un repli sur soi.

Vrai ou faux : quand l’audition diminue, le risque de chute augmente 

VRAI. Le risque de chute est plus important. Il y a plusieurs raisons à cela :

  • la perte d’audition peut créer des troubles de l’équilibre car l’oreille interne joue un rôle dans l’équilibre et certaines pathologies altèrent ces deux organes de façon concomitante ;
  • ne pas percevoir les sons qui vous entourent peut surprendre et entrainer un risque de chute voir des accidents, par exemple si vous n’arrivez pas à entendre d’où viennent les voitures dans la rue ou ce qui se passe derrière vous. 

Vrai ou faux : il n’existe pas de lien entre la perte d’audition et le risque de dépression 

FAUX. L’audition permet de rester ouvert sur le monde et ne pas être replié sur soi. Si vous entendez moins bien ou avec difficulté, vous n’arrivez plus à interagir facilement avec votre entourage. L’isolement social produit peut alors induire un risque de dépression. Il est possible d’éviter ce risque en agissant dès les premiers signes !

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La surdité liée à l’âge (appelée presbyacousie) limite les capacités de communication. Elle peut avoir un effet négatif sur la qualité de vie : isolement social, état dépressif, ... 

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Faire attention à sa santé est essentiel pour préserver son autonomie. Un suivi médical approprié permet de prévenir l’apparition de maladies ou de favoriser leur dépistage à un stade précoce quand la prise en charge est plus facile.