Une après-midi au Bistrot mémoire de Rennes
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Récit d’une après-midi dans un bistrot mémoire par un membre de l’équipe de la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) invité à y participer.
« Les bistrots mémoire évitent de se ratatiner sur soi-même »
4 janvier 2017, 12h30 : visite du premier Bistrot mémoire créé à Rennes en 2004. Isabelle Donnio et Irène Sipos, cofondatrices des Bistrots Mémoires à Rennes, m’accueillent à la Marmite sénégauloise.
L’ambiance est chaleureuse et bruyante en ce premier mercredi de l’année : contrainte par des soins infirmiers quotidiens, Marie-Madeleine, 91 ans, bénévole depuis neuf ans après avoir été participante avec son mari atteint d’une maladie dégénérative à syndrome frontal, quitte sa fonction au Bistrot.
En son honneur, le déjeuner s’organise autour des habitués : membres du Conseil d’administration de l’Union des Bistrots mémoire, bénévoles et psychologue. Le repas est joyeux, clos par un discours de Marie-Madeleine : « Les Bistrots mémoires m’ont beaucoup apporté. Ils donnent de l’espoir, de la gaité et évitent de se ratatiner sur soi-même ». Une bouteille de whisky japonais est offerte à cette hédoniste, en remerciement de ses longues années de bénévolat.
Des temps d’accueil dans des lieux publics
Les Bistrots mémoires ont été créés à l’initiative d’un groupe de familles, de professionnels et d’institutions, à partir d’un concept anglo-saxon, pour développer le regard de la société sur le vieillissement. Ce sont des lieux d’accueil et d’accompagnement de personnes vivant avec des troubles de la mémoire ainsi que de leurs proches aidants.
Ces temps d’accueil et d’accompagnement sont organisés chaque semaine, dans un lieu public, un café, un bistrot ouvert à tous. Pas d’inscription préalable, pas de déclinaison d’identité, on y entre anonyme.
Une règle : les Bistrots mémoires sont toujours animés par un binôme psychologue-bénévoles formés à l’écoute. A Rennes, la psychologue, Marie-Hélène Lebreton, assure le suivi, l’accompagnement, la mise en lien des participants et le bon déroulement de ces après-midis.
Un moyen de favoriser l’expression des personnes malades et de leurs proches
Ces lieux d’accueil non stigmatisés et non stigmatisants pour les malades d’Alzheimer et leur entourage favorisent l’émergence de la parole, de l’expression et de l’agir de ces personnes. On en compte aujourd’hui une quarantaine en France. L’objectif de l’Union des Bistrot mémoire est d’en ouvrir dix par an sur le territoire national.
Complémentaires des lieux de soin, de prise en charge et d’accompagnement, les Bistrots mémoires attirent les personnes informées par leurs médecins, leurs pharmaciens, les Clic. Le bouche à oreille fonctionne.
Malades, proches et bénévoles se retrouvent autour d’un verre
14h30. Les malades, avec ou sans leur aidant, arrivent. Au total, une vingtaine de personnes heureuses de se retrouver pour se souhaiter une bonne année.
La fille de Denise, 90 printemps, entre embrasser l’équipe, elle ne reste pas et passera récupérer sa mère en fin d’après-midi. Thème du jour : chansons populaires inoubliables. Denise prend place à côté de Paul, son bénévole favori, et m’interroge : « Vous êtes surprise qu’on soit aussi nombreux ? Vous avez vu comme on est jeunes ?! ».
Maryse entonne Le petit vin blanc à la guitare. La salle suit, timidement pour certains, d’autres collés à leur proche. Suivent L’eau vive, Tous les garçons et les filles, On écrit sur les murs, l’assemblée applaudit. Les chansons d’avant animent l’après-midi, les visages inquiets s’adoucissent.
Chacun paie sa consommation avant de repartir, à 17h30. La semaine prochaine, on parlera de la protection des tutelles, avec l’intervention d’un soutien aux tuteurs familiaux.
Pour en savoir plus sur les bistrots mémoire et trouver l’adresse d’un bistrot mémoire près de chez vous, consulter le site de l’Union nationale des bistrots mémoire : http://bistrot-memoire.com